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Le pastoralisme en Dordogne

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Lutter contre la fermeture des milieux en Dordogne

Le pastoralisme en Périgord Noir : Pourquoi ? Comment ?

Un territoire marqué par la déprise agricole

L’agriculture en Dordogne subit des mutations permanentes depuis un siècle et demi, confrontée à une diminution des effectifs de la population active et du nombre d’exploitations. Ces mutations tendent à s’accélérer ces dernières décennies car la baisse du nombre d’exploitants n’est plus partout compensée par l’agrandissement des exploitations : cela se traduit par une baisse de la surface agricole utile (SAU) qui a chuté de 17% entre 1988 à 2010.

Les petites clairières disparaissent et les vallées étroites tendent à se refermer.

La fermeture des milieux sur la commune de Saint-Pompon en Périgord Noir. Ci-dessus la commune début 1900. Ci dessous, la vue actuelle.

La fermeture du paysage, synonyme de friches et de boisements naturels, entraîne :

  • Des surfaces retirées du potentiel de production agricole, une activité économique en régression,
  • Des espèces floristiques et faunistiques caractéristiques des milieux ouverts et semi-ouverts qui se raréfient, tandis que le territoire accueille de nombreux sites Natura 2000 de coteaux calcaires et de vallées,
  • Un risque incendie qui s’intensifie (9ème département français pour le nombre de départs de feu),
  • Des panoramas qui disparaissent, du bâti remarquable masqué par la forêt, du petit patrimoine enfoui sous les ronces, un paysage qui s’uniformise… dans une région à vocation touristique très marquée où les sondages montrent que l’une des premières motivations à fréquenter la région est la recherche d’un environnement de qualité d’un point de vue patrimonial et paysager.
  • Un sentiment général d’abandon une sensation d’enfermement dans des communes où le taux de boisement peut dépasser les 70%. Le taux de boisement moyen départemental était de 20% au début du siècle dernier, contre 43% en 2010 et 55% pour l’ensemble de la zone pastorale ; il ne cesse de progresser.

Réintroduction de la pratique de pastoralisme

Le pastoralisme est une pratique ancienne, chaque ferme disposait autrefois d’une petite troupe ovine qui pâturait les intercultures, nettoyait les talus et les sous-bois…

Cet usage est réhabilité grâce à l’implication d’élus locaux, de la Chambre d’agriculture et de propriétaires convaincus et motivés, qui se sont mobilisé pour structurer le foncier, dans l’objectif de ré-ouvrir les milieux en déprise.

Cette pratique extensive permet d’augmenter l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage et a pour ambition de relancer une activité ovine en déclin permanent sur le secteur.

Le cheptel ovin en Dordogne :

Date19ème siècleSituation actuelle
Nombre OVINS600 000< 60 000

 

Enfin le pastoralisme s’intègre bien dans les attentes sociétales, il plait aux consommateurs et aux touristes.   

Reconnaissance d’une zone pastorale et création d’AFPL (Associations Foncières Pastorales)

Après des premières opérations tests à partir de 2011 et un dossier argumenté déposé auprès du préfet, la Dordogne obtient une reconnaissance de zone pastorale en Mai 2013. Elle regroupe 181 communes, représentant un grand quart Sud-Est du département, qui peuvent ainsi constituer des AFPL.

Pour pérenniser l’initiative, il faut organiser le foncier. Cela passe par la création d’Association Foncière Pastorale. La Dordogne a fait le choix de s’appuyer sur la libre adhésion des propriétaires avec des AFP dites "Libres". Ces associations regroupent des propriétaires de bois, landes, friches et permettent une mise en relation des différents acteurs du territoire (propriétaires, agriculteurs, élus, etc…).

Aujourd’hui, la zone pastorale de Dordogne comprend 6 AFPL, créées entre 2015 et 2024.

La zone pastorale et les AFPL de Dordogne

Les AFPL de Dordogne en quelques chiffres

Les AFPL de Dordogne en quelques chiffres

Occupation des sols des AFPL

 

 

Les freins au développement du pastoralisme

Les contraintes naturelles rendent sa mise en œuvre fastidieuse

En Dordogne, la pratique du pastoralisme repose sur l’utilisation de clôtures mobiles, installées juste avant la pâture et retirées ensuite. Ce système facilite l’adhésion des propriétaires aux associations foncières pastorales car il garantit leur pleine liberté, mais est particulièrement chronophage pour les éleveurs : accès difficiles, souvent très pentus, affleurements rocheux, fort embroussaillement…

L’utilisation du quad pour la pose des clôtures est la plupart du temps impossible et une intervention manuelle pour l’ouverture des layons (tronçonnage, débroussaillage) est souvent nécessaire. Dans ces conditions, il est très difficile de mobiliser durablement des éleveurs, la contrainte temps pesant trop fortement sur l’activité.

Par ailleurs, les secteurs pastoraux, fortement boisées, entrecoupées de sentiers de randonnées et de voies communales… ne se prêtent pas à accueillir de grands troupeaux collectifs. Le pâturage est souvent géré en lots de 100 à 200 brebis au sein des exploitations, regroupant les animaux en fonction des périodes d’agnelage.
L’offre disponible en surfaces à pâturer étant nettement supérieure aux capacités des éleveurs en place, ces derniers sélectionnent naturellement les endroits les plus accessibles.

Déficit d’éleveurs ovins orientés vers le pastoralisme

Les éleveurs ovins se raréfient et le cheptel continue de se réduire même si la taille des troupeaux a augmenté. De plus, les élevages en place ne sont pas forcément adaptés au pastoralisme (manque d’équipement, de temps, races de brebis avec des besoins importants…

Les éleveurs en capacité de faire du pastoralisme (troupeau et équipements adaptés) sont peu nombreux et dispersés sur le territoire.
La part de la surface pâturée au sein des AFPL ne dépassait pas 30% en 2021, elle approche maintenant les 50% grâce au déploiement des aides au gardiennage depuis 2022.  
Il est nécessaire d’encourager des reconversions et/ou installations en élevage ovin avec une pratique pastorale, en proposant des conditions plus rémunératrices et facilitantes pour les éleveurs. 

La prédation

Les élevages sont sujets à des prédations régulières par les renards, les blaireaux, les corbeaux qui s’attaquent aux agneaux, ou par des chiens errants qui peuvent effrayer le troupeau et tuer au passage quelques brebis.

Les sangliers en nombre croissant, impactent quant à eux très fortement les prairies, base de l’alimentation des troupeaux.
Enfin, le vol de matériel pastoral, surtout les clôtures et les postes d’électrification, est assez fréquent. Mais le vol d’agneaux tend aussi à se développer.  

Le territoire du loup en France ne cesse de progresser et le département de la Dordogne est classé en cercle 3 vis-à-vis de risques de prédation par le loup, en raison des prédations constatées ces dernières années dans les départements voisins (Lot, Corrèze et Haute-Vienne).

Le développement du pastoralisme sur nos territoires très fortement boisés apparaît difficile en présence du loup. Les élevages pastoraux seront très exposés à un risque de prédation, tandis qu’ils sont économiquement fragiles.

L’installation du loup en Dordogne pourrait porter un coup d’arrêt à la dynamique engagée autour du pastoralisme et entrainer une nouvelle chute des effectifs ovins dans le département.

Le chien pour protéger les troupeaux

Grâce à une morphologie imposante, le chien de protection est reconnu comme étant un moyen de protection des troupeaux. Mais, pour qu'il remplisse son rôle et soit efficace, certaines règles doivent être respectées au moment de son choix, de son introduction dans le troupeau et de son utilisation.

Cependant, les espaces pastoraux en Dordogne sont parsemés de hameaux, maillés de chemins de randonnée… la cohabitation entre les usagers de l’espace et les chiens de protection ne va pas de soi.
Plus d'infos  > https://idele.fr/detail-dossier/chiens-de-protection

Les bénéfices du pastoralisme

Maintenir un territoire attractif et vivable

L’élément déclencheur pour les élus locaux était la volonté de maintenir un environnement de qualité d’un point de vue patrimonial et paysager dans une région à vocation touristique très marquée. Mais les sècheresses à répétition ces dernières années qui ont généré de nombreux départs de feux, ont entrainé une prise de conscience vis-à-vis du risque incendie qui s’intensifie (la Dordogne étant le 9ème département français pour le nombre de départs de feu). Le pastoralisme est alors perçu comme un moyen d’entretenir à proximité des hameaux et des villages pour réduire les risques de départ de feu et leur impact sur le milieu.

Quant aux éleveurs partenaires dont les premiers se sont mobilisés lors d’un épisode de forte sècheresse en 2011, ils y trouvent un moyen de compléter et diversifier leurs ressources fourragères, notamment en période estivale et automnale.

C’est aussi une opportunité pour des candidats à l’installation en manque de foncier de s’établir sur des systèmes très extensifs, tout en bénéficiant de l’appui d’un collectif de propriétaires : depuis 2017, 4 installations hors cadre familial sont directement liées à la présence des AFPL.

Le déploiement du gardiennage, soutenu par les collectivités territoriales à partir de 2022, a permis d’augmenter de 40% les surfaces pâturées au sein des AFPL, en seulement 2 campagnes de pâturage.

Un milieu plus ouvert

L’impact sur le milieu est visible dès la 1ère campagne de pâturage, avec une nette réduction de la strate intermédiaire (broussailles, arbustes) liés au prélèvement et au piétinement des animaux. L’effet est plus rapide en parcs clôturés, mais le gardiennage permet de parcourir plus de surface et d’accéder à des secteurs plus difficiles. Pour un effet durable sur les milieux, la pression de pâturage doit rester régulière et adaptée à la ressource disponible (à minima une fois/an en gardiennage, tous les 2 ou 3 ans avec clôtures mobiles en phase d’entretien).

Les effets d’une première saison de pâturage

Des mesures agro-environnementales et contrats Natura 2000 à l’appui

L’existence d’une zone pastorale a permis de mobiliser des mesures agro-environnementales pour les éleveurs du territoire afin de consolider les élevages herbivores en place et d’encourager les pratiques de sylvo-pastoralisme (pâturage des sous-bois, landes, pelouses sèches, friches).

Les MAEC pastorales en quelques chiffres :

  • Plus de 4 5200 ha ont été engagés en MAEC entre 2015 et 2022
  • 85 exploitations bénéficiaires, parmi lesquelles :
    • 75 élevages bovins,
    • 18 élevages ovins
    • 1 élevage équin
    • 1 élevage asin
  • 2 400 000 € distribués aux éleveurs de la zone pastorale

Par ailleurs, les documents d’objectif des sites Natura 2000 de coteaux calcaires, ou même en vallées humides, préconisent une gestion pastorale pour maintenir la biodiversité et restaurer les habitats d’intérêt communautaires (HIC), principalement menacé par la fermeture des milieux.  

  • 150 ha d’HIC font l’objet de contrats Natura 2000 pour la mise en œuvre d’une gestion pastorale
De nouvelles perspectives avec l’appui du SDIS 24

Le centre de secours de Sarlat (SDIS 24), conscient de l’utilité du pastoralisme dans la lutte contre les risques d’incendie, s’est rapproché de la Chambre d’agriculture pour organiser des opérations test de brûlage dirigé dans des secteurs stratégiques à rouvrir.

L’objectif visé est de contrôler de façon efficace les broussailles (sous-bois) et/ou la végétation herbacée qui s’est accumulée en couche épaisse au sol (lisières, friches) et gênent la pousse de l’herbe ainsi que la pénétration des animaux. Les enjeux sont multiples :

  • Renforcer la protection des zones habitées situées dans des secteurs de risques ;
  • Anticiper l’extension des zones à risques au regard du changement climatique ;
  • Restaurer le milieu par la réinstallation naturelle d’un couvert herbacé qui permet de s’orienter vers une gestion pastorale.

Programmées cet hiver 2023-2024, ces opérations encadrées et sécurisées par le SDIS n’ont pas pu être mises en œuvre, compte-tenu des conditions particulièrement humides. Elles seront reprogrammées l’hiver prochain pour intervenir dans 2 périmètres AFPL.

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Le pastoralisme en Dordogne

Zoom sur les ressources exploitables en Périgord Noir, à travers le témoignage de Thierry Delpech, éleveur ovin à Proissans. 

C'est sur ce territoire que l'activité pastorale a été relancée en 2011, faisant ainsi renaître cette activité ancestrale en Dordogne.(Vidéo : 1,57 min.)

Vidéos

Le pastoralisme pour dynamiser un territoire

Lutte contre la fermeture excessive des milieux : le pastoralisme peut être une solution pour dynamiser les territoires, avec à la clé de possibles installations en élevage et plus de lien social. (7,40 min - 13 fev. 2020)

Pâturage ovin sur surfaces additionnelles : quels avantages ?

Les avantages du pâturage ovin sur surfaces additionnelles et les dispositifs permettant de lever les freins liés à cette pratique (7,37 min - 13 fev. 2021 - Vidéo réalisée par la Chambre d'agriculture de Dordogne)

Des conseils pour faire pâturer les vignes par des ovins

Retrouvez les principaux conseils pour mettre en place un partenariat entre éleveurs et viticulteurs (1,48 min)

Des conseils pour faire pâturer les vergers par des ovins

Retrouvez les principaux conseils pour mettre en place un partenariat entre éleveurs et arboriculteurs (1,45 min)

Programme d'appui au pastoralisme

Le Plan Stratégique Régional Nouvelle-Aquitaine validé en 2022 comprend plusieurs dispositifs complémentaires pour soutenir le maintien et le développement du pastoralisme collectif, dans une logique de valorisation patrimoniale. Il mobilise des fonds Européens et Régionaux, complétés par le département de la Dordogne.

Les objectifs visés sont le maintien et le développement de l’activité pastorale dans la zone pastorale de Dordogne, au travers d’investissements à caractère collectif, nécessaires à l’amélioration des accès, à la remise en état des surfaces pastorales, ou à la bonne conduite des troupeaux pour le pâturage raisonné.

Dispositif 73-01-06

Il appui des travaux et des équipements portés pas des structures collectives (AFPL, associations d’éleveurs…) pour l’accès à l’eau, la voirie pastorale, la contention, le girobroyage d’ouverture, la conduite des troupeaux…

Dispositif 70.31.01 

Il soutient des opérations de Gardiennage à temps plein, pour augmenter la période de pâturage dans des espaces collectifs, difficiles à clôturer, et pour garantir l’intérêt environnemental et paysager des espaces pastoraux.

Dispositif d’appui à l’Animation pastorale

Il permet d’appuyer le développement du pastoralisme par la structuration du foncier (création et suivi des AFPL) et par la mobilisation des éleveurs (accompagnement vers des pratiques pastorales, conventions pluriannuelles de pâturage…).

Il a aussi pour intérêt d’accompagner les porteurs de projet pour des actions d’amélioration pastorales ou de gardiennage, le montage des plans de gestion liés au gardiennage, intégrant notamment les enjeux de biodiversité et le caractère multi-usages des espaces pastoraux.

La Chambre d'agriculture de Dordogne co-finance et met en œuvre l'animation liée au développement du pastoralisme sur la zone pastorale de Dordogne.

 

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